Spontanéité
La spontanéité est une fleur fragile
si fragile qu’en un rien
elle pourrait sans couleur
ni pétales
s’enfermer dans des règles
qui atteignent sa vie
Laissez là s’exprimer
en dehors des vouloirs
des plans et des déliés
à vouloir tout savoir
Laissez-la s’exprimer
du fond du cœur
même
si elle vous choque un peu
elle ne connait que « j’aime »
J’aime oui
J’aime non
le présent est l’arpège
qui sous-tend sa musique
et dans le vent résonne
en un mot
quelques phrases
La spontanéité
est la sœur
de la sincérité
Ne la tuez jamais
car elle est synonyme
d’amour et liberté.
Inédit
Quel est ce rose qui vient
soulever les nuages
Échappée du soleil
Au couchant de ce jour
Est-ce la paix qui descend
Sur l’ombre des montagnes
l’espoir qui prend forme
Retombée des étoiles
Quand le noir sera là
pour coucher l’horizon
Et lasser l’inquiétude ?
Est-ce le signe aimant
Que tout serait douceur
Aux confins des violences ?
Est-ce la certitude
De la naissance plus forte
Alliant l’existence
des contrastes et des joies
en tous sens ?
C’était en tous les cas
ce pont né des couleurs
qui ravivent l’existence
pour nous dire
Qu’entre gris et lumière
la paix est à venir…
M’avait-il bâillonnée
enfermée dans les mots
qu’il avait prodigués ?
M’avait-il enlevé
Toute envie de franchir
ces couloirs infinis
du désir de tracer
le passant de ces lignes ?
M‘avait-il infligé
cette peine
de ne plus oser
dire ?
M’avait-il entravée
coulant à contre-flots
de l’émotion subtile
innocente
prétextant
la coupure de l’absence ?
Le lien que nous tenions
si fort entre nous deux
entre mots de l’amour
ou ses déceptions
s’est-il ainsi rompu
au point de me saigner
à jamais des syllabes
en inscrivant le point
comme ultime signal ?
Suspendue dans le fond
de l’âme
à balbutier soudain
pire que des enfants
qui ne trouvent plus les mots
qui se chassent pour un temps
du paradis des sons
surprenante perdition
orage et cataclysme
les lèvres se sont fendues.
M’aurait-il bâillonné
Dans un soudain éclair
touchée par le tonnerre
de sa flèche blessante
de son vouloir aidant
m’entraînant dans la tombe
invisible prison
des amours perdus…
2020
L’envie, Monsieur
est un souffle terrible
élan dévastateur
qui peut broyer la vie
chasser la beauté même
des rêves innocents
qui tracent l’avenir
débarrassés du sang
de l’ultime vengeance
Surgie de ce néant
nommée indifférence
côtoyant l’indécence
en pourtant bonne conscience
celle de cet orgueil
qui ne porte pas fleur
mais son contraire, même
n’hésitant pas à terme
de briser son essence
Ses fleurs sont la guerre
Je t’envie je te hais
Toi qui me fais de l’ombre
à ce que je voudrais
Toi qui existes en vrai
devenu mon démon
le seul qui serait
à abattre pourtant
Tu te crois dans ton droit
Armé des intentions
que tu penses louables
Mais l’enfer que tu sèmes
n’est autre que démence
n’est autre que souffrance
Les chemins que tu traces
ne portent que l’insulte
un outrage incessant
qui ferme et sans regret
les portes de l’amour
juste par intérêt.
L’envie, Monsieur,
n’est pas née de ce cœur
sacré
et ne sèmera jamais
ce que l’on dit bonheur…
Il est temps
de regarder le ciel
bleu
courir sous les nuages
Il est temps
de voir que le soleil
signe
les élans de la terre
Il est temps
de plonger dans les yeux
clairs
d’un sourire capté
Il est temps
de contempler la voie
unique
une en ses multitudes
Il est temps
de chasser les démons
issus
de l’invisible peur
Il est temps
d’honorer tous les vents
contraires
témoins et solidaires
Il est temps
de goûter l’océan
amoureux
des caprices des mers
Il est temps
de retrouver enfin
le sens
de l'essentiel...
Les flambeaux du soleil
s’exilent au creux des arbres
décalent le doré
sous les arches des ponts
pour allumer soudain
l’aquarelle des nuages
gris
Devant les quais s’exercent
les bouches impatientes
les chants ne sont pas rares
en ce soir de juin
Ils sont nombreux, assis
ils boivent à la vie
Le rouge s’est surpris
à couler dans les verres
et les yeux qui pétillent
ensemble se confondent
aux reflets de la Seine
qui traîne
et songe…
La guitare se cogne
sur les doigts impatients
les regards s’envolent
de ce soir en folie
Ils sont nombreux et suivent
leurs paroles et leurs yeux
ou ils sont deux seulement
à se regarder vivre
sans poser une main
impatients ils s’enivrent
de cet instant subtil
La fête était
une île…
Extrait de "Au delà des sens", ed. Unicité